Mon dernier semi c’était il y a un bail ! Le 2 octobre 2012 plus précisément, il s’agissait du premier semi-marathon du Val d’Europe et même si j’y avais battu mon record perso, je m’étais beaucoup ennuyée sur le parcours qui ne présentait pas de réel intérêt. 7 mois plus tard, le 13 mai 2012 à Troyes, rebelotte, j’ai été très très déçue par le parcours proposé et par l'ambiance, même si j’ai abordé la course de façon totalement différente en étant beaucoup plus concentrée…voici donc mon très très long CR de cette 19ème édition du semi-marathon de Troyes 2012.
Je commence à me connaitre et à savoir que cette distance est de loin ma préférée (en tout cas en ce qui concerne les courses sur route) ; je m’étais donc inscrite il y a déjà pas mal de temps à cette édition, labellisée FFA et qualificative aux championnats de France 2012 des semi-marathons. Pourquoi Troyes ? Et bien pourquoi pas ? C’était simplement l’occasion de me faire un WE égoïste course à pied, seule, loin de tout et de visiter cette ville pas très loin de Paris mais que je ne connais absolument pas. Question organisation, le plus simple, le plus pratique, le moins stressant et surtout le moins fatigant était de partir tranquillement en train la veille, dormir à l’hôtel, faire ma course, et ronfler dans le train sur le retour..et c’est à peu près ce qui s’est passé.
Samedi matin : ma montre chrono me lâche (et oui, ça arrive toujours quand il faut pas !) ; pas de panique, on est samedi à Paris, un petit détour dans la boutique Lepape près des champs et je ressors avec une montre GPS (j’ai investi ^^) ultra trop sophistiquée…enfin non, j’ai pris une basique (juste celle qui permet de programmer ses séances de fractionnés) car je suis pas très douée avec ces trucs là moi.. et j’aime bien courir aux sensations…bref 5min et 200€ plus tard, je deviens propriétaire d’une Garmin Forerunner 210. Pendant que j’y étais, j’ai craqué pour un cuissard de compression et je me suis racheté un casque audio à la Fnac (les casques ça résiste pas plus de 6 mois à la transpiration ou quoi ??!!) bref 30 min et beaucoup d’argent plus tard, il me reste 2H avant de prendre mon train (très en avance comme d’hab..) ; je vais déjeuner d’une salade, d’un plat de pâtes aux aubergines et mozzarella et d’un café près de la gare de l’Est pour 20€ (vous vous dites "mais on s'en fout" mais pas du tout c'est très pour la suite de l'histoire !...) et direction le magnifique Corail pour Troyes.
L’arrivée se fait avec 30 minutes de retard, mais quoi de plus normal me direz-vous… 15 minutes de marche pour rejoindre l’hôtel (à 5 minutes du départ) et zou ! direction le village expo pour retirer mon dossard et faire quelques emplettes sur les stands présents. Première déception, le village expo fait triste mine…2-3 stands sous un chapiteau gigantesque…qu’à cela ne tienne, je retire mon dossard et mon lot (un tee-shirt technique sympa mais pas à ma taille qui fera encore un heureux et un gel que je ne testerai pas sur la course mais qui me servira sûrement en entraînement) et direction le magasin de running de la ville situé à deux pas de l’hôtel. Là je n’ai pas été déçu, outre les deux articles dégotés (à ma taille !) j’ai pu discuter quelques minutes avec le vendeur et un client qui effectuaient également la course le lendemain. Et évidemment les discussions ont tourné autour des entraînements, des courses, des blessures,…. Avant de partir j’ai tout de même demandé où je pourrai trouver un bon resto pour l’après course….petit silence… apparemment beaucoup de resto sont fermés le dimanche et seuls quelques-uns près de l’hôtel de ville seront ouverts mais apparemment ce n’est pas de la grande cuisine selon eux….bon et bien tant pis..il n’empêche qu’un pari a été lancé, il m’offre le resto si je finis à moins de 30 minutes de la première…pari tenu ! (quelle belle motivation !! En voilà un qui ne se doute pas de mon appétit féroce !)
Je retourne à l’hôtel et fait une petite sieste jusqu’à l’heure du dîner. A 19H30 je me dirige vers un restaurant italien qui avait de bonnes critiques sur internet, c’est quand même à 20 minutes à pied de l’hôtel mais bon, si c’est pour manger de bonnes pâtes fraîches al dente…Après un accueil…douteux… et bien oui, je mange seule et alors ??.... mon choix se porte sur une escalope de poulet à la crème et aux champignons accompagnée de tagliatelles ; je trouve les prix (18€) assez élevés mais à en croire les critiques que j’ai pu lire, ça vaut le coup et le détour.
A première vue ça à l’air très bon, mais le soufflé redescend bien vite, ce n’est ni assaisonné ni si extraordinaire que ça, je veux pas faire ma chieuse encore une fois mais ça reste des pâtes, fraîches je vous l'accorde, mais que j’aurais très bien pu faire dans ma cuisine…bref…non, je ne veux ni café ni dessert (je cours demain et il faut que je dorme), le gars tire la gueule….je règle 19€….tiens oui d’ailleurs, pourquoi 19€ ? c’est écrit 18€ sur la carte ???!!!! Je ne dis rien, je ne sais pas pourquoi et je m’en veux encore pour le principe….je sors du resto avec une certaine rancœur et sur le trajet qui me ramène à l’hôtel je le compare à mon petit resto de la gare de l’Est et en vient à la conclusion que pour la même somme j’ai mangé une entrée + un plat + un café , l’accueil de merde décevant en plus pour ce soir…Sitôt rentrée je me renseigne sur les formules petits déjeuner parce qu’il faut pas se laisser abattre pour si peu . Le buffet classique est à 6H…ok le départ étant à 9H15, cela fait trop juste, la réceptionniste m’informe qu’il y a une formule pour les lêve-tôt à partir de 4H mais que c’est beaucoup moins copieux….ça me va, ça fera très bien l’affaire un petit déjeuner léger (c’est ce que je croyais à ce moment là).
A 21H je suis dans ma chambre et je m’affaire aux derniers préparatifs pour le lendemain, préparation de la tenue, épilation impec, vernissage des ongles assorti, massage des jambes, cataplasme de flector + vicks sur le tibia pour soigner ma périostite…tout cela plus l’excitation fait qu’à minuit je ne suis toujours pas couchée…
Dimanche matin, 4H : pas besoin de réveil les jours de course, le cerveau est bien fait ! je descends et m’attends à voir un ridicule buffet pour la seule lève tôt de l’hôtel…que nenni !!! c’est un festin de roi en fait qui est proposé, seules les saucisses, omelettes et autres plats chauds manquent à l’appel et je m’en moque un peu….croissants, pains au chocolat, tortillas, crêpes, pain aux céréales, baguette, confiture, miel, beurre, fromage blanc, jambon, maroilles, fruits, cakes, céréales, jus de fruits, cafés,…. Tout est là….difficile de résister et pourtant je vais réussir à me tenir sage et à ne manger que…modérément…enfin un peu moins que d'habitude...
4H30 : je me rendors pour ne me lever qu’à 7H (c’est tellement agréable d’être sur place et à quelques minutes du départ !), j’ai un peu trop mangé mais bon, c’était cro cro bon.
8H30 : je suis prête ! je pars en footing rejoindre le départ et poursuis mon échauffement tranquillement, il fait un temps radieux, la température est fraîche, c’est vraiment un temps idéal pour un semi ! sur cette course, en dehors des 21km individuels s’engageront les 21km entreprises et les 7 km ; cela fera au total un peu moins de 2000 personnes, je trouve que ça fait peu et tant mieux, le départ n’en sera que plus aisé. Cette année, le speaker annonce que le parcours a changé, il se déroulera toujours en 3 boucles de 7 km mais empruntera des chemins différents à travers la ville ; en me plaçant près du départ, je commence à discuter avec 2 autres coureurs qui me confirment ce changement de parcours et m’indiquent une belle montée après le passage des pompiers….le parcours était pourtant annoncé très roulant….on continue de discuter course à pieds, blessures, temps de passage pendant que le départ des handi est donné.
9H20 : 5 minutes de retard, le vent est frais mais avec la masse de coureurs tour autour de moi on se tient chaud…je me retourne et aperçoit deux porteurs de drapeaux pour les temps, l’un à 2H00 et l’autre à 1H45, le tout sera donc de ne pas se faire dépasser ni par l’un, ni par l’autre. Un des deux coureurs qui se trouve à mes côtés examine mes temps de passage, pour 1H43 et 1H40, que je me suis noté sur un bout de papier et même s’il fait le 7 km il souhaite faire la première boucle avec moi….euh oui…. Mais non….bref, je ne veux pas commencer à être désagréable donc je ne dis rien mais si je n’ai pas mal, je compte être super concentrée sur ce semi donc avoir quelqu’un à côté de moi ça va me stresser davantage…
Pan ! c’est parti ! j’enclenche mon chrono, ça bouchonne un peu malgré la largeur de la rue, le tapis sous l’arche de départ est retourné…à peine dangereux…je n’arrive pas à atteindre ma vitesse, ça ne va pas très vite devant, le coureur qui voulait faire la première boucle avec moi va beaucoup trop vite, je ne veux pas me griller, et même s’il se retourne pour que je le suive, je le laisse filer…je fais le premier kilo en 4’52’’, pas terrible si je m’en tiens à mes temps de passage mais ça peut se rattraper facilement. A partir de là commence ma déception sur le parcours, on ne fait qu’emprunter de larges rues en bordure du centre-ville, rien de bien joli ou pittoresque donc à apercevoir, pour le tourisme il faudra revenir un autre jour…ou aller ailleurs… je décide donc de me concentrer sur mes temps. Pour le moment personne ne semble courir à allure fixe en revanche je suis un vrai métronome, donc je ne fais que doubler et être doublée ; on arrive au kilomètre 5, je n’ai pas soif mais j’attrape un gobelet à la volée et bois une gorgée, je me sens bien même si je sens que si je maintiens cette allure la fin va être difficile, toujours pas de signe de souffrance au niveau du tibia, j’ai l’espoir qu’il me laissera tranquille toute la course, j’en suis ravie.
je découvre la montée qui fait suite au passage devant la caserne des pompiers, elle risque d’être casse pattes au troisième et dernier passage… s’ensuit une grande descente où on peut dérouler jusqu’à l’arche qui conclut cette première boucle. Les 5 kilomètres suivants vont se faire à une allure quasi exemplaire, je les passe tous en 4’36’’ sauf un en 4’35’’, au septième kilomètre je trébuche sur de la ferraille (mais qu’est-ce-que ça foutait là ça !!!) et m’effondre lamentablement au sol, des coureurs de l’ASM (athlétisme Saint Mesmin) me relèvent et s’assurent que je vais bien, j’ai le genoux, le coude, l’avant-bras et la main droite bien abîmés, je pisse le sang mais je ne m’en rends pas compte tout de suite et repars comme si de rien n’était, je n’ai qu’une obsession : combien de secondes j’ai perdu…il faut que je retrouve le même rythme….
Je reprends donc la course et je loupe 2 ravito (éponge et eau) malgré mes bras tendus telle une cosette, personne ne me calcule….calimero….je ronchonne et râle et un coureur à côté de moi me donne son verre d’eau et un autre son éponge….que je ne lui rends pas car elle est maintenant pleine de sang ; c’est à ce moment-là que je réalise que ça saigne bien ! ma jambe droite est toute rouge… je connais ma résistance à la vue du sang onc je détourne illico presto mon regard de ces plaies et retourne à ma course. Nous sommes maintenant un petit groupe à avoir le même rythme, des gars de l’ASM dont celui qui m’a gentiment ramassé sur le bitume et que je n’aurai pas l’occasion de recroiser à l’arrivée pour le remercier une nouvelle fois, un triathlète (vu sa tenue, je suppose que c’était un triathlète sinon ba faut changer de tenue mon gars, on va pas à la piscine là !) et un gars qui fait beaucoup de bruit en soufflant…..très très énervant….. il me semble qu’ils veulent boucler ce semi en 1H40, l’allure me convient pour le moment je reste avec eux.
Kilomètre 10 en un peu moins de 47 minutes, une gorgée d’eau attrapée au vol et je sors mon ravito perso, ma pâte de fruit à la framboise, j’observe autour de moi, c’est drôle on fait tous la même chose, à mi-parcours on bouffe ! Entre les kilomètres 10 et 14 je me sens super bien (moment d’allégresse ou effet pâte de fruit) pourtant mes chrono varient entre 4’30’’ et 4’41’’, je fais même des coucous aux photographes et des sourires au peu de monde venu nous encourager…car là encore j’ai été super déçue, soit le paysage n’est pas super sympa, soit le parcours n’est pas toujours très roulant, soit il nous faut parfois monter ou descendre des trottoirs…mais l’ambiance quand même !!! c’est un peu triste en fait, il fait pourtant beau et pas froid mais il semblerait que les gens boudent ou soient tous partis je ne sais où…kilomètre 15, une gorgée d’eau et ma deuxième et dernière pâte de fruit, à la poire cette fois-ci.
Vers le kilomètre 16 (et cela se ressent dans mes temps) quelque chose cloche et cette sensation ne m’est pas du tout familière…je n’aime vraiment vraiment pas ça…mon ventre fait chplok chplok, comme si toute l’eau (qui se résume à 3 pauvres petites gorgées) était restée coincée dans mon estomac, pardon pour les détails mais une envie de vomir grandissante s’est alors emparée de moi ; à ce moment de la course j’étais juste dégoutée, je sentais bien que je ralentissais, non parce que je commençais à souffrir de la course mais parce que je ne digérais pas bien je ne sais quoi…l’eau…les pâtes de fruits…. Bref, mal au ventre qui me plie en deux et me met les larmes aux yeux mais je m’accroche… non, je ne m’arrêterai pas, nous venons de passer le kilomètre 18, d’après mes précédents calculs, je vais faire péter mon chrono perso, il est hors de question que je m’arrête en si bon chemin, après tous les efforts fournis….je vomirai en courant s’il le faut. Je sers les dents, le petit groupe a accéléré, je maintiens l’allure et les laisse s’éloigner, j’ai juste semé celui qui faisait du bruit en courant car c’était juste devenu…insupportable…kilomètre 19, maintenant ce sont mes jambes qui me lâchent, je tourne alors autour de 4’45’’ au kilo et je commence à faire beaucoup de bruit (voilà que je m’y mets aussi !), je double et m’excuse du bruit que je fais, on a attaqué la dernière montée, je sais que l’arrivée est toute proche, j’ai encore la force de faire un petit calcul, la barre des moins de 1h40 est encore possible, je serre de plus en plus fort les dents. Ça doit se voir sur mon visage que je souffre car à ce moment beaucoup de monde m’encourage et me dit de tenir bon, que c’est la fin, on me dit même « allez Madame… » … j’ai pris 10 ans…... On entame la descente, je tire sur les jambes mais elles ont du mal à répondre, des gars essaient de finir en sprint et m’amener avec eux, je les accroche tant bien que mal, je vois l’arche, plus que 100m derrière, je donne tout le peu d’énergie qu’il me reste, je vois sur le panneau « 1h39» je suis aux anges….j'ai largement atteint les minima pour la qualif, j’ai gagné 5 minutes par rapport à mon précédent semi et surtout ma périostite ne s’est pas invitée sur cette course pour me pourrir la vie. Sitôt arrivée j’éteins mon chrono et regarde mon coude et ma jambe…en sang…on me presse d’aller voir les secouristes pour désinfecter au moins les plaies….20 bonnes minutes pour les trouver puis retour en vitesse (tout est relatif) à l’hôtel, pas le temps de rester pour regarder les podiums, remises de récompenses,… il me reste à peine 30 minutes pour me doucher, m’habiller, faire mon sac et me traîner hors de l’hôtel. Je suis lessivée j’ai toujours cette envie de vomir qui me tient. Je prends quand même le temps d’appeler Mouss, José et mes parents pour leur donner mes résultats…ils sont tous super content, ça fait du bien d’entendre des félicitations ! Mouss de son côté a fait premier vétéran sur 10km et Jihan 2ème féminine sur le 5km, je les félicite et suis très contente surtout pour Jihan qui mérite largement cette récompense après les durs entraînements qu’elle a connu récemment. Quasiment tout est fermé le dimanche et je n’ai vraiment pas la force (ni l’envie d’ailleurs) d’arpenter le centre-ville avec mon sac de 150kg donc je me force à avaler quelque chose à l’hippo situé en bas de l’hôtel et direction le train pour la sieste, j’ai d’ailleurs avancé l’heure de mon retour car j’étais complètement vannée.
Le lendemain, aïe aïe aïe… j’ai rarement connu de telles courbatures aux cuisses et aux mollets, j’ai du mal à marcher, monter et descendre les marches sans compter mes plaies qui tirent….donc repos total 3-4 jours (hors vélo et natation) et après on reprend doucement le chemin de la piste pour préparer les 3000m et 5000m qui arrivent viiiiiiite !!!
Ah oui j'oubliais, j'ai gagné mon pari, la première féminine a bouclé le semi en 1:16:09.....je vais m'empresser de leur envoyer un mail pour le leur signaler...un pari est un pari !!!!
Données du Garmin :
Distance: 21.39 km
Temps: 1:39:34
Allure moyenne : 4:40 min/km (soit 12.9 km/h)
Résultats officiels :
Temps : 1:39:31
Scratch : 291ème/753
Classement : 16ème féminine/130